Les matériaux capables d’allier résistance mécanique à haute température et résistance à la corrosion constituent une classe d’alliages d’ingénierie très spécialisée, conçue pour les applications les plus exigeantes dans les secteurs de l’aéronautique, de l’énergie et du traitement chimique. La capacité à conserver la résistance mécanique tout en résistant à la dégradation environnementale à des températures élevées est une combinaison rare, obtenue grâce à une conception métallurgique avancée.
Cette catégorie est la référence incontestée pour les applications nécessitant la combinaison la plus élevée de résistance à la température, de résistance mécanique et de résistance à la corrosion.
Alliages Inconel (par ex. Inconel 718, Inconel 625) : Ces alliages sont les chevaux de bataille des composants de moteurs à réaction et de turbines à gaz. Leur teneur élevée en nickel leur confère une résistance intrinsèque à l’oxydation et aux chlorures, tandis que le durcissement structural (par les phases γ' ou γ'') leur procure une résistance exceptionnelle et une remarquable tenue au fluage jusqu’à environ 700 °C (1300 °F) pour l’Inconel 718, et même davantage pour d’autres nuances.
Alliages Hastelloy (par ex. Hastelloy C-276, Hastelloy X) : Conçus pour une résistance extrême à la corrosion chimique dans des environnements oxydants et réducteurs, souvent supérieure à celle des aciers inoxydables. Des alliages comme l’Hastelloy X conservent également une bonne résistance mécanique à haute température, les rendant idéaux pour les chambres de combustion, conduits de transition et composants de fours industriels.
Alliages Stellite (par ex. Stellite 6, Stellite 21) : Bien qu’ils ne soient pas aussi résistants que les superalliages à base de nickel aux températures maximales, les alliages de cobalt excellent par leur conservation de la dureté et leur résistance exceptionnelle à l’usure, au grippage et à la corrosion dans de nombreux milieux corrosifs à haute température. Ils sont fréquemment utilisés pour les sièges de soupapes, les patins d’usure et les applications de rechargement dur dans des environnements sévères.
Pour les températures dépassant les capacités des superalliages (au-delà de 1200 °C / 2200 °F), on utilise des métaux réfractaires tels que le molybdène et le tantale. Ils possèdent une résistance mécanique exceptionnelle à des températures extrêmes, mais sont extrêmement sensibles à l’oxydation et nécessitent des revêtements protecteurs pour un usage à l’air libre, ce qui limite leur emploi aux fours sous vide ou en atmosphère inerte.
Pour des conditions moins extrêmes, certains aciers inoxydables offrent un bon compromis.
Aciers inoxydables austénitiques : Des nuances comme SUS 304 et SUS 316 présentent une excellente résistance à la corrosion et peuvent être utilisés jusqu’à ~870 °C (1600 °F) en service intermittent, mais leur résistance mécanique chute significativement au-delà de ~540 °C (1000 °F).
Aciers inoxydables à durcissement structural (PH) : Des alliages comme le 17-4PH (SUS 630) offrent une grande résistance mécanique (grâce au durcissement par précipitation) et une bonne résistance à la corrosion, mais leur tenue à haute température reste inférieure à celle des superalliages.
Le choix dépend entièrement du domaine d’exploitation spécifique :
Pour des températures et une résistance extrêmes : Superalliages à base de nickel (Inconel, René).
Pour une corrosion extrême et une température modérée : Alliages à base de nickel (Hastelloy).
Pour une résistance élevée à l’usure et à la corrosion à chaud : Superalliages à base de cobalt (Stellite).
Pour des conditions modérées à moindre coût : Aciers inoxydables spécialisés.
Pour les composants destinés à l’aéronautique et à l’aviation ou à la production d’énergie, les performances offertes par les superalliages à base de nickel sont généralement indispensables, justifiant leur coût plus élevé. Dans tous les cas, un traitement thermique final reste souvent essentiel pour obtenir l’équilibre optimal de ces propriétés dans la pièce finie.